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#1 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Google-BNF, le pacte des sous » 07-09-2009 11:36:05

Merci pour ces précisions et pour votre analyse que je partage à vrai dire dans ses grandes lignes. Avec trois nuances :

- A l'heure où la Cour des Comptes met l'accent sur la mise en valeur du patrimoine immatériel de l'Etat, il est très regrettable que la BnF se prive des droits d'exploitation d'un fonds numérisé et ce, pour longtemps (Je doute que le gentil Google se contente de quelques modestes années de petite exploitation).

- La rémunération que Google "se contente" de percevoir me fait un peu penser à celle que les Fermiers Généraux prélevaient sur la perception des impôts indirects sous l'Ancien Régime, à ceci prêt qu'ici la Ferme Générale est constituée par un groupe étranger, dont la France devient dépendante.

- le choix d'une collobaration de la BnF avec Google condamne toute tentative de constitution d'un groupe français puissant spécialisé dans la culture numérique écrite. Faire le choix de Google aujourd'hui, c'est renoncer à construire une édition numérique française puissante sur le long terme. Google condamne à terme les éditeurs français à jouer le rôle de supplétifs spécialisés dans le support papier. Et çà, çà me gêne beaucoup.

#2 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Google-BNF, le pacte des sous » 04-09-2009 16:14:57

Le rôle de l'Etat est de redistribuer la richese nationale au profit des citoyens. Google perçoit un impôt publicitaire sur la richesse nationale, il dérobe à l'Etat et aux citoyens une partie de leur richesse dont il empêche la redistribution.

#3 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Google-BNF, le pacte des sous » 04-09-2009 15:09:38

Je préfère que  la culture soit la propriété de citoyens plutôt que de multinationales. Mais dans la République Française (c'est le pays où vous vivez), les citoyens forment une nation dont la souveraineté s'incarne dans un Etat, par un acte que l'on appelle le vote depuis à peu près 1789. Et cet état peut mener une politique d'accompagnement de la culture (Malraux etc.)

#4 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Google-BNF, le pacte des sous » 04-09-2009 14:51:47

A priori on peut légitimement espérer qu'une culture nationale rapporte de l'argent au pays qui la produit. Vous êtes partisans des multinationales ?

#5 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Google-BNF, le pacte des sous » 04-09-2009 14:41:38

Mouvement qui touche pour la première fois l'écrit, c'est-à-dire le coeur d'une mémoire et d'une culture nationale.

#6 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Google-BNF, le pacte des sous » 04-09-2009 13:13:56

L'affaire Google-BnF révèle un problème de fonds : grâce au numérique, il est possible à des sociétés multinationales d'exploiter les cultures locales, comme des matières premières, de manière quasi coloniale : on numérise la culture française et on génère des ressources publicitaires qui rejoignent les Etats-Unis. Et cela parce qu'aucun groupe français n'a pu émerger dans ce secteur d'activité (l'expérience de JM Messier ayant fait long feu).

#7 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Google-BNF, le pacte des sous » 03-09-2009 15:56:08

Quelques erreurs vénielles : Arkhenum est maintenant équipé pour de la numérisation de masse, quand à Jouve il la pratique à grande échelle depuis quinze ans. Et avec 50 000 000 euros d'économies sur la masse salariale, on peut supprimer à peu près tous les postes de conservateurs de la BnF (la pittoresque direction actuelle comprise). Laissons cela, ce sont des détails.

Par ailleurs, je suis d'accord avec vous sur l'utilité de la numérisation pour la conservation préventive, et sur l'utilité du document numérique, pour la valorisation du patrimoine. La numérisation est une chance qu'il faut savoir saisir.

Mais pourquoi je ne choisis pas Google ?

- Google ne respecte pas les droits d'auteurs, que Denis Olivennes et le Président Sarkozy ont réussi courageusement à défendre pour la musique avec la loi Hadopi.

- parce que Google numérise en masse, sans procéder à une sélection préalable, selon des critères culturels et intellectuels qui sont à la base de la notion de collection numérique. Si je ne m'abuse, la BnF diffuse une collection numérique nationale, dont la composition doit refléter la tradition française, sa culture et son histoire.

- Parce qu'à travers le projet de numérisation de masse des collections de la BnF, c'est la construction d'un champion économique national de l'économie culturelle numérique qui se joue autour de l'institution conduite à l'heure actuelle au précipice, la Bibliothèque qui aura été nationale et française. De même que la France a créé en d'autres temps EDF, ou Areva, il faut à l'Etat créer un nouveau champion économique national voire européen dans le secteur de la culture numérique. Tel était la voie suivie par le projet Europeana de Jean-Noël Jeanneney qui associait étroitement la BnF et les éditeurs, en vue de la constrution d'une entité plus vaste.

- Si l'Etat laisse Google s'approprier de facto toute l'économie culturelle numérique émergente, la France sur le très court terme perdra toute souveraineté en ce domaine. Bientôt en situation de monopole pour la diffusion, la mise en ligne, et l'exploitation économique des ressources culturelles via la publicité, Google tiendra en laisse les éditeurs, les auteurs (sans parler de la BnF), et plus largement toute la culture française (le groupe définera le périmètre des droits d'auteurs, le prix à payer par les éditeurs pour numériser leurs titres etc).

Bref c'est la volonté préserver la souveraineté culturelle de la France qui fait adopter ce choix - qui ne saurait être mise à l'encan par une direction de la BnF en fin de course et qui ne réussit pas à endiguer un lourd conflit social latent, que la numérisation exacerbe. Car l'origine de la volonté d'externaliser la numérisation se situe bien à ce niveau. Depuis 25 ans, un management aberrant des ressources humaines s'est mis en place, créant malaise et mal-être de toute nature dans tous les services. Dans de telles conditions, il était bien entendu périlleux de conduire en interne un projet d'envergure. Pour masquer son échec, la direction de la BnF a donc choisi d'apaiser les esprits en recourant à la solution miracle Google, au mépris de la culture française qui importe bien entendu beaucoup moins que de se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible.

Ne prenez pas mal mes arguments, ni mon discours, notre échange me paraît fructueux et vos arguments toujours de grande qualité. Je crois seulement l'enjeu crucial, et ce débat fécond.

#8 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Google-BNF, le pacte des sous » 03-09-2009 14:12:34

Mon ami m'a parlé de Jouve, Arkhenum etc. Offrir ce marché à une entreprise française, par le biais des marchés publics, par lots par exemple, ce serait selon lui encourager l'investissement et l'emploi français, qui proposent exactement le même genre de prestation, avec parfois des équipements plus performants. Et même permettre la constitution de groupes français de taille internationale. Toutes les multinationales françaises sont nées peu ou prou de l'aide de l'Etat (Il parle de "colbertisme"). Pourquoi nier ainsi les intérêts des entreprises françaises avec ce projet Google ?

Je partage votre avis sur le premier point : vous avez bien raison de souligner que les caisses sont vides. Un point m'échappe néanmoins à ce sujet : si le personnel de la BnF est arrivé pendant 5 ans à s'investir dans la numérisation de masse, que va-t-il faire du temps laissé libre ? Dans le monde de l'entreprise (une fois de plus, je ne sais rien de l'administration), on licencierait le personnel rendu disponible par l'externalisation. Une économie de 50 millions d'euros de masse salariale ouvre des perspectives en gestion des ressources humaines, non ? Combien de dizaines de postes comptera d'après vous supprimer la BnF sur le court terme pour éviter au contribuable de financer des postes inutiles ?

#9 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Google-BNF, le pacte des sous » 03-09-2009 13:29:18

Vous touchez là le point sensible : la motivation. Quand une organisation souffre de graves difficultés internes, la motivation y devient faible. Des cas de suicide apparaissent etc. Et il devient impossible de conduire de grands projets.Bon je ne pense pas que la BnF soit arrivée à ce stade ultime d'échec managerial, je n'ai pas eu vent dans la presse de tels faits divers ! C'est un lieu civilisé.

Du moins, sans être comme vous spécialiste du sujet, je m'interroge : que représentent 50 millions d'euros par rapport aux 235 milliards prêtés par l'Etat pour sauver le système bancaire. Par ailleurs, un ami m'indique qu'il existe une bonne centaine d'entreprises françaises capables d'accomplir le même travail en pleine crise économique.

Pourquoi choisir une société américaine ?

#10 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Google-BNF, le pacte des sous » 03-09-2009 12:13:33

Les organisations, quand elles se fixent un but (ici une numérisation de masse), sont généralement capables de l'atteindre. C'est ensuite le poids du refoulé de l'organisation qui l'empêche d'atteindre son but, comme c'est le cas pour les individus. Mais une fois encore, je connais mieux le monde de l'entreprise que celui des administrations publiques...

#11 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Google-BNF, le pacte des sous » 03-09-2009 11:42:08

Peut-être la question n'est-elle pas posée dans les bons termes. Du point de vue de la sociologie des organisations, l'externalisation traduit généralemet un problème de gouvernance ou de management. On évacue la source symbolique d'un problème interne généralement d'une autre nature, pour le confier à un autre organisme. Il s'agit d'un phénomène qui s'apparente au transfert en psychanalyse (Et ce quels que soient les intérêts économiques évidents en jeu).

Mais je ne connais pas la BnF, donc...

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