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#1 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Coucoucircus: Il était une fois... La Sacem » 22-03-2011 19:06:45

Zali, vous exagérez, je ne mérite pas un point Godwin sur ce coup. J'ai lu pas mal de vos écrits sur le sujet et  je ne rempli pas les conditions requises.

Il me semble difficile qu'on puisse effectivement discuter autour du droit d'auteur sur internet à la lecture de vos blogs, au demeurant assez fendards et agréables à déguster !

Il eût été sympa de développer un peu plus vos posts quand je vois l'étendu de vos billets, mais bon, je crois que j'ai été rangé dans la catégorie "artiste bourgeois gaucho" assez directement.

Je pense qu'on aura l'occasion d'en reparler ailleurs.

#2 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Coucoucircus: Il était une fois... La Sacem » 22-03-2011 10:00:32

Zali L.Falcam, le sens de mon message c'était juste de ne pas couper le dialogue parce que vous n'étiez pas d'accord avec moi. C'est simple de dire que je suis un troll et de se barrer. C'est la rupture de dialogue qui vient, encore une fois, de mener le FN en tête aux cantonales.

Connaissez-vous les compositeurs cités ? J'en connais deux personnellement et les pirouettes qu'ils doivent faire pour la BO d'un jeu sont ahurissantes. Il travaillent tous dans des conditions entre le non-dit et le contrat léonin.

La réalité est celle que j'ai cité. La première chose que l'on te demande dans le jeu, c'est ta nationalité. Elle est discriminante. Il y a des circulaires claires et précises (chez Ubisoft par exemple) qui interdisent formellement le recours à un compositeur de droit européen, y compris chez les third party. C'est leur politique, ils en ont le droit, je n'ai rien à dire la dessus.

En revanche, certains compositeurs français et européens aimeraient gérer leurs droits en direct et faire du copyright. Mais cela est juridiquement impossible, membre de la Sacem ou pas, car le droit Européen va à l'encontre du copyright. Céder la paternité d'une oeuvre est impossible chez nous. Je désapprouve leur démarche, sans doute aussi parce que je gagne ma vie par le système traditionnel de gestion du droit. Néanmoins, sortir de cette impasse est beaucoup plus complexe car il s'agit d'un problème de droit fondamental.

Le business de la musique de jeu, il se trouve par ici :

http://www.audiogang.org/  et c'est pas européen.

#3 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Coucoucircus: Il était une fois... La Sacem » 21-03-2011 21:29:08

Zali L.Falcam,  "Je confirme le communiqué de presse SACEM, ou pas loin. On dirait un pub. Ce n'est pas un débat, perso j'arrête de nourrir le troll."  ????? Y'a des pays ou les dirigeants, quand ils ne sont pas au raccords avec leur concitoyens, leur balancent quelques missiles sur la tronche, histoire de les mettre d'accord. Des gens de dialogue, quoi...:)

Kio, Egmorn : je connais cette problématique et vous avez raison : un chara-designer, un graphiste, etc. De nombreux ayants droit légitimes n'ont pas de rémunérations proportionnelles comme un compo. C'est vrai en parti, je met néanmoins un bémol car il y a pas mal de deals ou ces intervenants sont rémunérés par contrat en fonction des ventes du producteur. C'est un vrai problème car je suis d'accord, sur ces "presque nouveaux" supports (jeu, anim, etc), la musique n'est pas la seule à participer à la qualité de l'oeuvre, très loin de là.

En revanche, la ou je ne vous rejoins pas, c'est sur la finalité. Plutôt que de dire "vu que certains ne touche rien", ce serait  juste que personne ne touche, là je dis non. Au contraire, je pense qu'il faut que ces ayants-droits s'organisent en ce sens. C'est ce qui a été fait pour la musique ou l'écriture, bien avant beaucoup d'autres secteurs de la création, c'est tout. Ma question, pourquoi faut-il systématiquement tirer vers le bas ? C'est cela qui fait le jeu du monde du dessus.

C'est ce raisonnement qui a conduit la TOTALITE des éditeurs de jeu (UBI, EA, NAMCO, ETC) à ne travailler EXCLUSIVEMENT qu'avec des compositeurs américains : copyright. Et là, pour avoir commencé la musique dans le multi-média et le jeu vidéo, je suis incollable. C'est effectivement un grand progrès pour les américains et les éditeurs de jeu.

Pour Coucoucircus, je reconnais qu'il y a autre chose à faire. Quand j'ai parlé de startup qui font du contenu gratuit pour être revendues, je pensais pas vraiment  à eux. Je vois bien dans la mise en page, l'état d'esprit général du site, qu'il s'agit d'un délire de fan. Et je sais que cette affaire ne fait pas de la pub. J'ai cédé la représentation de TOUT MES DROITS à une société d'auteur, la SACEM, qui, du disque en passant par la télé, la radio, le cinéma, les représentations publiques ( discothèques, bal, etc) fait son boulot et me permet de vivre : il m'aura fallu près de 10 ans de galère avant d'arriver à percer dans mon métier et me retrouver sur des séries animées. J'en vis depuis 7 ans, je viens d'avoir 40 ans. Alors oui, cela peut paraître surréaliste que je touche à chaque passage d'un dessin animé en télé, mais c'est le résultat d'un très long processus. Et les 20 compositeurs français qui bossent régulièrement sur ce secteur ont eu des parcours assez similaires.

Les enjeux liés aux nouveaux médias sont énormes pour la création. Je ne sais pas si les actions menées en mon nom et au nom des membres de la Sacem sont les bonnes. Je fais, dans la mesure de mes possibilités, remonter des infos et j'essaie de faire confiance. Quand on vote pour un Président, qu'on délègue un pouvoir, on prend le risque que des actions bonnes ou mauvaises soient faites en notre nom...

Mais franchement, j'ecoute et j'ai lu des choses qui me font réfléchir. Merci.

#4 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Coucoucircus: Il était une fois... La Sacem » 20-03-2011 19:26:02

Merci pour vos réponses, c'est intéressant d'avoir un débat.

Déjà, essayons d'oublier l'argumentaire "On dirait un administrateur de la Sacem qui parle". Je ne le suis pas, je suis compositeur et le dessin animé est un genre qui m'est cher.

Je ne pointe absolument pas les internautes du doigt. Aurais-je vendu plus de 300 CD hors internet, oui, je le pense vu le succès de la série en question. Est-ce que cela a changé dramatiquement mes revenus : non, c'est vrai.

Votre raisonnement sojiro88 ne tient pas la route. Le fantasme de l'internaute libéral qui préconise aux artistes de s'auto-produire ne fonctionne pas. Dans la masse de la production, le consommateur culturel a besoin de références, de s'appuyer sur un mouvement, un courant, etc. L'idée de l'internaute qui fait un choix artistique en cherchant la perle inconnue n'existe pas : bullshit. La musique est un "produit culturel" et il est bien naïf de déconnecter la création, sa communication et sa consommation.

Avant que le droit d'auteur de Beaumarchais n'existe, les compositeurs de musique ne devaient leur salut quotidien qu'à un mécène, un Roi, une cour auxquels ils devaient faire courbette pour obtenir des commandes. Sans ces bienfaiteurs fortunés, le génie de beaucoup serait inconnus aujourd'hui. La situation n'a guère changé. C'est la même dans la peinture, dans l'écriture, le design, tous les métiers de création en somme.

Sans la puissance d'une maison de disque, d'un producteur audiovisuel, je n'existe pas. Appelez-les maquereaux, c'est comme vous voulez.  "dr_surpriso", vous faites quoi dans la vie ? Employé dans le privé : votre employeur fait de la marge sur votre salaire, parfois une marge colossale au point de faire des millions de bénéfices. Vous avez démissionné en le traitant de maquereau ? Vous l'avez belle avec votre "vous les auteurs n'avez rien compris" , ça à l'air si simple pour nous... Les producteurs et télévisions, je m'en accommode, j'essaye juste de faire en sorte que l'équilibre soit le plus correct.

Le bel internet qu'on nous a promis, c'est quoi : bandeaux de pub à outrance, réseaux sociaux hypras buzés, compteurs de clics et de vus, jeunes loups qui attendent que leur site ait un gros traffic pour entrer en bourse. C'est incroyablement prometteur comme nouvel espace de liberté, c'est ici que l'on doit trouver notre salut pour que la création, la vraie, soit reconnue ?

Prenons Deezer : 2000 euros de répartition Sacem pour l'artiste le plus streamé l'année dernière, soit plusieurs millions d'écoutes. Génial : une entreprise coté plusieurs dizaines de millions de dollars qui rentre de la pub dans tous les sens. L'avenir que me propose internet : encore plus de fric pour l'entreprise, encore moins qu'avant pour l'auteur ou l'interprète. Je préfère franchement mon éditeur traditionnel !! smile La Sacem fait son boulot de défense des auteurs, voilà tout.

La, le sujet, c'est coucoucircus qui fait un traffic plus qu'honorable avec ce concept : modèle économique actuel pas évident, certes. Mais potentiellement, ce site vaut beaucoup d'argent car c'est la loi sur internet : le clic vaut de l'or. Le site sera sans doute revendu quelques millions d'euros à un groupe et cette valeur se sera faite sur un contenu qui n'aura jamais été rémunéré. Cela a déjà été le cas des centaines de fois... Faut être très fort pour voir dans tout cela un progrès pour les créateurs.

Pour aller beaucoup plus loin dans le délire, j'ai parfaitement conscience que la musique d'un dessin animé, tout le monde ( ou à peu près) s'en fout à l'exception d'un générique et encore. Je fais des musiques d'ameublement comme disait Eric Satie, qui sont là pour faire vivre des personnages et des histoires. Jusque là, un système est en place pour que je puisse le faire et être rémunéré. Il a ses qualités et défauts. L'inexistence d'un  système de rémunération proportionnel viable sur internet est un retour de plusieurs siècles dans le temps.

#5 Re : L'actualité d'Ecrans.fr » Coucoucircus: Il était une fois... La Sacem » 20-03-2011 10:41:19

Bonjour à tous,

La Sacem, la Sacem, le racket, tout le monde a un avis éclairé sur internet...

Je suis compositeur de musique et il se trouve que je fais beaucoup de dessins animés, dont la grande majorité se retrouvent sur coucoucircus. Laissez-moi vous expliquer la réalité d'un compositeur de musique lambda depuis quelques années et surtout depuis la montée en puissance d'internet : la dégringolade des droits et la précarité qui arrive à grand pas.

Oui, la Sacem répartit de gros montants, mais vous connaissez en gros ceux qui gagnent le plus, ils sont ultra-visibles. Ceux-là ont été touchés par internet et la chute des ventes, mais dans une moindre mesure. Qu'on passe de 4 millions d'albums à 1 million, c'est raide, mais cela laisse largement de quoi voir venir smile

En revanche, pour l'immense majorité d'auteurs et compositeurs, ceux qui représentent 80% des adhérents et qui vivent normalement de leur droits (entre 20000 et 60000 euros par an hors impôt et CSG), c'est devenu l'enfer. Je précise qu'un auteur-compositeur n'a pas de chômage, il doit chercher sans cesse du travail et se payer son matériel avec ses droits. C'est du sans filet... J'ai le cas d'un dessin animé très identifié que j'ai fait, que bon nombre de mômes et parents fredonnent, qui a vendu 300 CD. Cela m'a rapporté moins de 100 euros. En revanche, on le trouve partout sur la toile, de youtube à coucoucircus, en plusieurs langues, en free download mp3, etc.

Un jeune compositeur à l'image n'a plus aucune chance de rentrer dans ce métier. Le pillage internet des séries animées (toutes les séries en streaming) a pour conséquence une chose simple : la production dégringole, moins de programmes produits parce que de plus en plus difficiles à financer. Les chaines télés ne savent plus comment endiguer le phénomène. En route vers un nouvel équilibre, soit, mais pendant ce temps, les petits trinquent, c'est toujours le cas.

Quand j'ai besoin de faire des courses, je ne sors pas avec le caddie plein sans payer, quand j'achète un instrument, non plus. Ma vie à moi, elle continue comme avant, faut que je gagne ma vie...

Arrêtons un peu les clichés et la stigmatisation : oui, il y a eu des débordements à la SACEM, des opérations indélicates. Mais en petit nombre et certainement beaucoup moins que dans de grandes entreprises ou des conseils régionaux. Ce n'est pas si opaque que certains le laissent à penser.

En revanche, cela fait le jeu des producteurs et de beaucoup d'intermédiaires : que le copyright américain serait pratique, plus besoin de verser quoique ce soit aux auteurs, enfin débarrassé des parasites. Pour info, un morceau vendu sur itune 1,29 me rapporte 0,08 de droits...Le reste c'est Apple, des intermédiaires, des producteurs, des interprètes.

Pour internet, il est clair que la Sacem ne fait pas deux poids deux mesures, elle ne le peut pas, sinon c'est la porte ouverte aux cas particuliers et il en sera fini de l'affaire, on rejoindra les américains.

Pour coucoucircus, je sais parfaitement que c'est un musée de l'inconscient collectif et j'aimerai vraiment qu'une solution soit possible. Mais voilà, il y a des réalités plus complexes que le soit-disant racket des sociétés d'auteur. Vous choisiriez quoi vous : coucoucircus ou votre emploi, vos revenus ? Parce que pour beaucoup d'entre nous, on en est la. La Sacem, ce n'est pas que David Guetta et Jean-Jacques Goldmann.

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